« Improvise-toi »

Un projet d’improvisation musicale et théâtrale mené au Lycée des Métiers de l’Agriculture de Château-Gontier avec la classe de terminale TCVA.

Un projet en trois temps

Alexis Héropoulos, musicien et enseignant, est d’abord intervenu auprès de la classe du projet. Le but était de poser la question de la formation du goût et des choix artistiques dans les différentes classes sociales, afin d’en comprendre les déterminants. Les débats ont été animés et éclairants. Ces interrogations ont rejoint la réflexion sur le théâtre d’improvisation comme forme d’expression libre et accessible à tous car dégagée partiellement d’un bagage culturel.

Le 7 janvier 2020, le contrebassiste Nantais Sébastien Boisseau, accompagné du guitariste Guillaume Aknine, a proposé deux concerts «Un salon, deux musiciens» à la classe de terminale TCVA et au public du lycée.

Les deux musiciens se sont installés dans l’amphithéâtre réaménagé pour l’occasion en salon (le public restreint à 40 personnes était installé dans des fauteuils, entourés de plantes et de lampes).

Le public a pu écouter des créations improvisées avant d’échanger des réflexions sur les ressentis, les réceptions personnelles, et sur ce que peut être ou pas la musique et l’improvisation.

« Un Salon, deux musiciens »

Du 20 au 24 janvier 2020, une semaine de création a été proposée aux jeunes de la classe de terminale TCVA.

Cette action était encadrée par Yann Efflame, Matthieu Desbordes et Guillaume Aknine. Chacun de ces trois intervenants a joué le rôle de formateur, metteur en scène, et comédien dans la pièce réalisée à l’issue de la semaine.

Le levier de l’improvisation

Chaque artiste a travaillé avec les jeunes par petit groupe, avec une méthode assez simple : demander aux participants de proposer spontanément des personnages et des situations, en faisant appel à leur vécu, à leurs représentations. Puis, interroger ces propositions, les pousser, les « allonger » ou les stimuler afin de construire petit à petit une trame de représentation. Suite à ces micro-ateliers, des regroupements de toute la classe permettaient de montrer à chacun ce qui était en train de prendre forme.

Les intervenants ont ici joué un rôle de guide, de conseiller, mais avec beaucoup de tact et d’écoute. Ils ont alimenté en douceur les contenus naissants, et ont montré progressivement quels outils de l’improvisation pouvaient s’avérer adéquats dans certaines situations. Le privilège a été pour nous de pouvoir travailler en groupes restreints.

De cette proximité et bienveillance est venue très rapidement la confiance. Les intervenants ont su en quelques séances ouvrir un espace sécurisant dont ont pu profiter les élèves pour s’exprimer avec aisance. Après cette confiance est venu le plaisir pour chacun des jeunes.

La redécouverte des liens forts

Ce travail d’une semaine a donné lieu à deux représentations publiques de quarante-cinq minutes d’une pièce dans laquelle les préoccupations et les sentiments évoqués se teintaient d’une liberté simple et assumée du jeu. Dans leur pièce, les jeunes ont évoqué l’amour, l’actualité (les migrants), la drogue, le monde rural, leur sport… Avec humour et sincérité.

Cette semaine a été « bouleversante » pour nombre d’élèves, pour les intervenants et pour moi-même. Avant cette semaine, on sentait des distances et des malentendus entre élèves. Certains n’avaient plus aucun contact entre eux malgré qu’il s’agisse d’une classe de terminale.

La qualité d’écoute, l’attention portée aux propositions mais aussi aux paroles et aux sentiments entre chacun des participants ont reconstruit un climat de confiance et de considération. La bienveillance envers tous, impulsée par les intervenants a créé les conditions d’une apparition du bonheur chez les jeunes. Nombre d’entre eux en ont témoigné à la fin du projet. Je cite : « Je n’ai jamais passé une semaine comme ça depuis trois année au lycée », « j’ai eu le sentiment d’être heureux », « j’ai oublié tous mes problèmes », « je n’ai jamais aussi bien dormi »…

Yann Efflame et les élèves

J’avais présenté le projet « Improvise-toi » à mes élèves en disant leur offrir un moment, une expérience. Je leur ai demandé de ne pas avoir peur, de se faire plaisir, et de profiter de ce moment. Grâce à Yann, Guillaume et Matthieu, cela a été possible. Les liens se sont construits et chacun a eu sa place.

Il restera donc de ce moment de vie des images et des sentiments inoubliables et une confiance en soi qui durera, je l’espère, le plus longtemps possible pour ces adolescents. La fierté qu’ils ont manifestée à l’issue des représentations me le laisse croire.

Ce projet mené en lien avec le réseau art’ur a été soutenu par la DRAC , la DRAAF et la Région des Pays de la Loire ainsi que la DRAC Centre-Val de Loire.

Ce projet a été monté en partenariat avec La scène musicale de Tours « Le petit Faucheux », Capsul Collectif et Tricollectif.

Anthony BERNARD

Enseignant d’Education Socio-culturelle

anthony.bernard@educagri.fr

Lycée des Métiers de l’Agriculture

Château-Gontier